Ouverture vers le Web
Quelques bonnes raisons pour lever les restrictions (3/4)

Je ne suis pas un fan de Facebook. J’y vais rarement, seulement pour être en contact avec d’anciens élèves et de la parenté éloignée. Des gens que je ne verrais pas autrement.

Dans deux de mes billets précédents, 1 de 4 et 2 de 4 , j’ai décrit comment certains facteurs ont contribué à l’implantation d’un Web contrôlé dans le réseau scolaire. J’ai tenté de fournir des arguments pédagogiques valables pour lever l’interdiction sur Youtube et sur Twitter.

Aujourd’hui je souhaite présenter les raisons pour lesquelles je crois  qu’il serait intéressant d’ouvrir  Facebook* à l’école.

Mais, y a-t-il autre chose sur Facebook que des propos superficiels et insignifiants? Voyons voir…

Le développement personnel de l’élève

Ce que les jeunes ont déjà découvert par eux-mêmes – La capacité de s’organiser, de s’entraider, de s’impliquer

Les jeunes utilisent Facebook non seulement pour organiser des événements sociaux, sportifs ou musicaux mais aussi pour créer des groupes d’entraide.

Pour se retrouver (le but original de Facebook était de permettre à des étudiants de garder contact après l’obtention de leur diplôme) ou, plus sérieusement, pour s’engager, Facebook est un endroit qui plaît aux jeunes.

À titre d’exemple d’engagement, le groupe créé en mai 2010 pour partager des idées en prévision de l’épreuve d’écriture du Ministère de l’Éducation du Loisir et du Sport du Québec, L’engagement thème de l’examen d’écriture, parlons-en! administrée en 5e secondaire. Une page qui avait attiré près de 9000 jeunes venus pour partager des informations et faire des commentaires. D’autres événements, avec une intention sociale plus large comme le groupe Opération Claude Robinson, «Un groupe de citoyens et d’amis de Claude Robinson qui souhaitent le soutenir dans sa lutte.» ou encore, même s’ils n’ont pas encore le droit de vote, les pages des principaux partis politiques au Québec et au Canada pourraient aussi être utilisées pour développer la conscience sociale et politique des jeunes en étant témoins des débats qui y ont cours.

Addendum 2011 04 14 J’ai découvert aujourd’hui grâce à Christophe Bernard un nouveau jeu MMOPRG, America 2049, un jeu de rôle sérieux (anticipation/science-fiction) qui incite les participants à trouver des solutions à des problèmes fictifs mais tout de même proches de la réalité.

Ce qui manque aux jeunes pour protéger leur identité numérique et modérer leurs propos –  Une occasion unique pour apprendre à développer un esprit critique et un sens éthique dans les espace publics

Dernièrement, un stagiaire me confiait que certains des élèves qu’il initie à l’utilisation des blogues, utilisent le forum de l’espace privé du blogue pour se quereller. Des chicanes de cours d’école ce n’est pas nouveau, c’est juste que dans ce contexte-ci ça se fait par écrit et que ça laisse des traces. Pour Facebook c’est un peu la même chose sauf que, dans ce cas-ci, les  altercations ont lieu devant une fenêtre qui prend la planète comme témoin.

Comment apprendre à développer des comportements sains afin d’éviter d’être une proie facile  face au cynisme, à la diffamation, à l’intimidation, au « taxage » affectif , à l’exclusion, au rejet ou, à l’autre bout du spectre, pour apprendre à éviter de  passer son temps dans un espace de prédateur qui cherche la noise, qui veut se faire justice, qui cherche à se venger , à détruire la réputation d’autrui?

Le défi, c’est de guider les élèves vers une appropriation des codes qui leur permettent de s’exprimer de façon appropriée dans des espaces plus ou moins publics.  S’exprimer de façon appropriée, c’est accorder de l’importance à la forme et au fond, c’est prendre en considération le public auquel on s’adresse et enfin, c’est avoir une posture éthique acceptable.

Ce défi passe par l’éducation aux médias et par une réflexion poussée sur les incidences et les risques d’écrire dans un espace public; pas par la fermeture des réseaux. Ce défi passe aussi par une revalorisation de l’estime de soi. Quand on a une bonne estime de soi, on n’a guère besoin de démolir les autres.

Facebook est un terreau fertile pour apprendre à démêler tout ça.

Il faut permettre aux enseignants d’aider les jeunes à évoluer dans ce sens. Il faut leur permettre d’accompagner les jeunes pour qu’ils apprennent à agir de façon respectueuse, à adopter un comportement de citoyens responsables.

Le développement professionnel de l’enseignant

La plupart des enseignants que je croise ont déjà un compte Facebook personnel. Peu d’entre eux ont eu l’idée d’ouvrir une page professionnelle. Pourquoi le feraient-ils? Tout simplement pour se créer une communauté qui partage leurs intérêts et leurs préoccupations, pour s’abonner à des groupes qui les intéressent dans le cadre de leur profession. L’effet prévisible à long terme ? Ils  finiront par avoir le goût d’adhérer à une communauté de pratiques.

De tels groupes, constitués autour d’intérêts de nature pédagogique, existent déjà. C’est le cas, entre autres, du iSchool Initiative, mis en place par un jeune étudiant du secondaire. pour montrer la pertinence d’outils mobiles dans l’école.

Même les instances gouvernementales ont senti le besoin de s’associer à Facebook pour soutenir certains programmes.

À titre d’exemple, le groupe  Ça a l’air bon ce que tu lis, créé par le Ministère de l’Éducation, du Loisir et du Sport du Québec pour faire la promotion de la lecture dans le cadre de son Plan d’action sur la lecture à l’école.

Certaines commissions scolaires commencent aussi à afficher leurs profils institutionnels sur Facebook mais, c’est une présence qui est encore timide. Et pourtant, ces lieux de rencontres virtuels pourraient devenir des catalyseurs, des points d’ancrage entre l’école et la communauté, entre les enseignants et les parents. Un lieu exceptionnel pour faire la promotion des bons coups. À titre d’exemple, cet événement culturel sur le slam tenu à la Commission scolaire Marie-Victorin le 17 mars 2011 qui a connu un succès retentissant et qui aurait tellement gagné à être mis en évidence sur la page officielle Facebook de la CSMV, devenant ainsi un lieu privilégié pour valoriser les productions des élèves et le travail des enseignants qui les ont accompagnés.

Pour conclure, ouvrir Facebook au milieu scolaire, c’est utiliser un espace où les jeunes se sentent déjà à l’aise afin de les rejoindre et de les aider à évoluer. C’est aussi permettre aux enseignants d’utiliser cette plateforme pour être en réseau avec des gens qui partagent leurs intérêts et leurs préoccupations.

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* Le 27 février dernier, j’ai publié sur Facebook la question suivante : «Comment utiliser Facebook de façon rentable à l’école? Vos idées SVP :-)» J’espère que les réactions seront aussi nombreuses que celles recueillies au sujet de Twitter avec le croisillon #20raisons. Petit problème… j’ai décidé de faire ça la veille de la «journée mondiale sans Facebook». si bien que je n’ai pas de réponse à ma demande.
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