J’ai dîné avec mon grand ami Jean vendredi. J’avais besoin de lui parler.
Je connais Jean depuis 20 ans. C’est un gars solide. Sociologue de formation, il possède de bonnes bases scientifiques. Il sait observer attentivement, analyser, émettre des hypothèses et constater des résultats. Il possède une base de connaissances acquises à partir de la démarche scientifique.
Jean a aussi la foi, la vraie, celle qui procure une vie intérieure riche et qui permet de s’épanouir.
J’ai dîné avec mon grand ami Jean hier car je vis depuis quelques mois une crise de foi qui me fait douter de la vie après la mort et je voulais qu’il m’aide à réfléchir sur un malaise intérieur qui grandit.
Voilà que, après 56 ans de vie sur Terre, cet été, je me suis mis à penser que tout pourrait s’arrêter là, bêtement, sans suite, comme le téléviseur lorsqu’on l’éteint (oui je sais c’est un peu cliché !)… et cela m’a grandement déplu.
Je sais aussi ce qui a emmené cette crise.
J’ai perdu, ces derniers mois, 2 personnes qui étaient signifiantes pour moi. L’une d’elles, Angèle Maltais, une artiste peintre talentueuse qui osait prendre des risques artistiques et qui produisait des oeuvres d’une très grande spiritualité. L’autre, Marie-France Vachon, une infirmière qui avait acquis une grande expertise en homéopathie. Riche de ce savoir, elle accompagnait des personnes pour les aider à surmonter des problèmes de santé.
Les deux, à leur façon, savaient faire preuve d’une grande générosité. Puis, elles sont parties, sans vraiment prévenir, comme ça, après une vie sur terre qui fut, somme toute, assez brève. Toutes les deux victimes d’un cancer foudroyant et fatal.
Leur départ m’a beaucoup peiné et il m’a confronté à ma propre mort.
Cette crise, elle a également été alimentée par un article scientifique sur l’étude des phénomènes de mort éminentes qui ne seraient en fait qu’une hallucination, une simple fabrication de l’esprit.
Cette crise, elle est souffrante car, tout au cours de ma vie j’ai eu en moi une foi appaisante, naîve dans tout le sens positif du terme. Pas la foi du Croisé qui doit convaincre mais la foi de l’enfance innocente. Une foi bien agréable à posséder. Et voici qu’elle m ’échappe dans la cinquantaine !
Cette foi, elle m’a permis de croire en un au-delà, une continuité de la vie sur terre et ce, bon temps, mauvais temps, même au pire des épreuves.
Et voilà que, soudainement, cette foi est ébranlée.
Et voilà qu’il y a eu le dîner avec Jean.
La plus grande partie du dîner se déroule sur un ton léger à parler de choses et d’autres… puis, la grosse question… où, une fois, de plus, il m’accueille sans préjugé.Il commence par me dire que le doute fait aussi parti de la foi… Il me ramène à l’Apocryphe de St-Thomas, une lecture, faite il y a quelques années, qui incite à être Un avec Soi. Mon ami Jean m’emmène à regarder mes propres croyances avec un regard plus serein, plus candide.
Ce repas n’a pas enlevé tous mes doutes mais ses propos m’ont remis sur une piste de réflexion moins angoissante.
Je souhaite à tout le monde d’avoir un ami comme lui.