Je suis un adepte des médias sociaux. Je crois qu’ils peuvent permettre de relayer l’information rapidement et permettre aux gens de s’exprimer librement. Mais sont-ils les meilleurs outils à utiliser pendant une campagne électorale? Je crois que non. Voici les raisons qui me laissent croire qu’il serait préférable de les délaisser en temps de campagne.
Les mots simplistes entraînent une pensée simpliste.
Les problèmes du buzz médiatique, de la dénaturation des Sound Bites et du spin des idées ne datent pas d’hier. La presse à grand tirage, la radio et plus tard la télévision ont très vite encapsulé les idées pour qu’elles entrent dans un format réduit plus profitable aux cotes d’écoute et aux tirages qu’aux lecteurs, aux auditeurs et aux spectateurs. Or, qui dit réduction dit aussi perte de perspective. Comment, en effet, puis-je parler de la splendeur d’un tableau de maître si je regarde par un trou minuscule perforé dans un paravent placé devant moi et surtout si on s’efforce de me persuader que ce que je regarde est le tableau lui-même?
La tache de vin sur la nappe de dentelle
Un autre problème, c’est celui de l’hypermédiatisation des bourdes. C’est comme si on ne cherchait que ça, à traquer les bourdes et, à ne chercher que ça, l’essentiel finit par nous échapper. Cet effet cobra qui consiste à hypnotiser le citoyen pour maintenir son regard fixé sur des trivialités m’apparaît pervers. Trop souvent, ça donne l’impression que la radio, la télé et les journaux à grand tirage ne sont capables que de présenter celui ou celle qui aura commis la plus grosse gaffe au cours de la journée.
Mais voici que maintenant les médias traditionnels ne sont plus les seuls à jouer à ce jeu peu profitable. Les médias sociaux ont emboîté allègrement le pas et ce, en particulier, avec les mots-clics…
Puis les médias sociaux furent! : de l’idée fondamentale à l’injure!
Depuis quelques mois, je suis abonné au mot-clic #polqc sur Twitter. Il y a beaucoup d’activité dans cet espace virtuel où de nombreux abonnés de différentes allégeances politiques y dirigent leurs tweets. Le problème, c’est que ce sont majoritairement des paroles injurieuses, constituées pour la grande partie de propos cyniques… pas grand fond, pas grande substance et parfois pas grande forme non plus… le tout à un rythme étourdissant, donnant l’impression que la vie politique est un véritable manège. Là où le fond est absent, les mots réducteurs abondent. À titre d’exemple, l’utilisation à outrance du mot pathétique alors que, très souvent, on veut souligner le ridicule. Quelqu’un a-t-il regardé le sens réel du mot avant de s’en servir lorsqu’il s’agit de souligner le ridicule d’une situation? De plus, la polarisation n’est pas l’effet recherché quand on souhaite écouter les avis de tous afin d’en discuter. Enfin, il faut bien se l’avouer, 140 caractères c’est très peu d’espace pour faire valoir une idée de façon articulée mais déjà trop lorsqu’on redirige vers des sites n’offrant que du contenu pamphlétaire portant à la polémique.
Il importe d’être conscient que c’est le principe même de la propagande négative que de détruire l’adversaire plutôt que de mettre ses propres idées en relief. Il suffit d’avoir lu 1984 pour comprendre la perversité de la parole réductrice, martelée ad nauseam, déployée par les sociétés totalitaires. A-t-on besoin de propagande en démocratie? Noam Chomsky dans Propagande, médias et démocratie nous démontre comment ce danger est réel même dans nos sociétés plus ouvertes.
En période de décision importante, je crois qu’il est préférable d’éviter les exutoires à la «défoulure».
Des idées avant tout ou comment passer du concours de popularité à l’engagement citoyen
Si voter est le devoir de tout citoyen, voter sans être informé est irresponsable.
Alors, pour pouvoir voter de façon éclairée, il est essentiel de savoir ce que proposent les partis et de connaître leurs valeurs fondamentales. Il n’y a pas beaucoup de façons pour faire ça.
Il est primordial de lire les articles de journalistes capables d’écrire des textes qui vont en profondeur, peu importe leur allégeance politique, de regarder des émissions où l’analyse de la situation se fait de façon approfondie. Il faut recentrer son attention sur des journalistes de renom, capables d’un minimum d’objectivité.
Enfin et surtout, d’aller lire les plateformes électorales des partis politiques ou du moins les propositions essentielles que ces partis font aux Québécois et aux Québécoises.
Voici des liens qui mènent vers leurs propositions respectives :
CAQ • ON • PLQ* • PQ • PVQ • QS
S’informer, ça demande un effort. Être un citoyen responsable, c’est être capable de fournir cet effort.
Pour moi, le prochain mois se fera sans mots-clics, avec la télécommande pas trop loin de moi pour zapper le déluge de publicités des différents partis en lice. Le jour des élections, j’irai voter pour le parti qui a un programme qui représente le mieux mes valeurs et qui incarne le mieux mes aspirations.