«L’éducation est un processus naturel effectué par l’enfant. Ce processus n’est pas acquis
par l’écoute d’un discours mais par des expériences avec son environnement.»
Maria Montessori
Passer du MEQ au MEES en passant par le MELS,
ou, comment diluer l’importance du E de éducation.
De Marois à Proulx en passant par trop de ministres… combien déjà ?
Des théories de Piaget aux théories de Hattie en passant par Papert.
De Vygotsky à Barth en passant par Bruner.
Les idées modernes circulent, l’application de ces idées, moins.
De la recherche fondamentale à la recherche-action pour parler de données probantes.
D’une pédagogie d’estrade à une pédagogie flexible, en passant par la pédagogie par projets et la pédagogie inversée, en n’oubliant pas les sciences cognitives et les technologies de l’éducation.
De l’enseignement magistral à l’enseignement explicite en passant par l’enseignement stratégique
Des règles de grammaire à la grammaire nouvelle en passant par la dictée 0 fautes.
De Logo à la robotique en passant par Scratch et Minecraft pour apprendre à coder.
De la réalité à la réalité augmentée en passant par la réalité virtuelle.
De la fiction aux métavers en passant par les micromondes.
Du bulletin chiffré au bulletin chiffré en passant par une évaluation qualitative.
De l’acquisition de connaissances au développement de compétences en passant par la mauvaise presse et une perception erronée du concept.
De l’informatique aux TIC en passant par toutes les frustrations du monde.
De parents d’estrade à parents impliqués en passant par rien d’autre.
De l’autorité à la bienveillance en passant par l’accompagnement.
Et pourtant, dans le quotidien, ceci est toujours le modèle privilégié :
Les élèves continuent à recevoir des leçons très proches de celles enseignées autrefois.
Les murs et les bancs d’école sont similaires à ceux que leurs parents et grands-parents ont connus.
La méfiance envers les enseignants s’est accrue. Les médias les ont nourris.
Plus que jamais, nous sommes dans les scores de performances que ce soit des élèves ou des écoles, le pourcentage est roi comme autrefois.
J’aime ta rétrospective. Mais pourquoi donc l’école n’arrive-t-elle pas à changer? Pourquoi les nouveautés ont-elles si mauvais presse? Je n’ai pas de réponse, mais je ne pense pas que ce soit une question d’argent ou de ressources.
Je pense que les coupures n’expliquent pas tout même si elles ont compliqué un peu tout lorsqu’est venu le temps d’accorder des priorités à la suite des coupures.
Je crois de nombreux facteurs sont en jeu. Les causes sont complexes.
1. Je ne crois pas que la capacité à innover et à relever les défis du changement fasse partie des critères de sélection à la formation des maîtres.
2. J’ai croisé beaucoup d’enseignants et d’enseignantes tant au primaire qu’au secondaire qui se voient uniquement comme des transmetteurs de connaissances. Parmi ceux-ci et celles-ci, il y a un petit nombre de personnes novatrices qui sont des phares (que les nombreuses exigences du système parviennent à éteindre en passant).
3. Le Renouveau n’a jamais été vulgarisé et encore moins médiatisé pour que les parents puissent comprendre qu’une approche par compétence ne signifie pas l’abolition des contenus et de l’acquisition des connaissances.
4. Que trop de gérants d’estrade ont donné leur «opinion» afin de ridiculiser le renouveau (parmi ceux-ci, des animateurs de radio et de télé qui ont profité de leur visibilité ainsi que des journalistes influents, des représentants syndicaux qui ont confondu la défense des intérêts de leurs membres avec l’ingérence dans les programmes).
5. Le manque de volonté des chercheurs qui ont influencé la redéfinition des programmes puis qui se sont effacés de l’espace public par la suite pour défendre les idées qu’ils avaient avancées.
6. Le nombre incroyable de ministres de l’Éducation qui ont chacun à leur façon cédé aux pressions de l’opinion publique, particulièrement en ce qui a trait à l’évaluation.
7. Le manque de leadership pédagogique des directions d’établissements qui sont devenus avec le temps accablés par les tâches administratives perdant ainsi peu à peu leur influence pédagogique.
Et il y a de nombreux autres facteurs qui entrent en cause, j’en suis persuadé.
«3. Le Renouveau n’a jamais été vulgarisé et encore moins médiatisé pour que les parents puissent comprendre qu’une approche par compétence ne signifie pas l’abolition des contenus et de l’acquisition des connaissances.»
En théorie, oui, En pratique, non, Et la Théorie est un lointain pays.